1- Lien Social
1.1 – de quoi parle t’on?
1.2 rôle et importance du lien social dans la vie
2- Le lien social et les seniors
2.1 – solitude et isolement chez les seniors (chiffres, causes, conséquences)
2.2 – l’impact supplémentaire lié à la crise
Le lien : c’est ce qui réunit, rattache deux ou plusieurs choses entre elles, assurant ainsi leur relation, le rapport entre elles. C’est aussi le rapport lui-même tel qu’il est conçu par l’esprit.
Mais c’est aussi ce qui unit deux ou plusieurs personnes (ou groupes de personnes), ce qui établit entre elles des relations d’ordre social, moral et affectif.
La société n’existe que par l’unité, celle-ci se formant par des liens, des liens humains. On peut citer entre autres : les liens de parenté, de famille, de naissance, le lien conjugal, le lien d’affection, d’amour, d’amitié, de sympathie. Mais aussi des liens d’intérêt.
Cela peut être aussi ce qui attache moralement quelqu’un à quelque chose ou à quelqu’un, ce qui met dans une relation de dépendance, ce qui contraint, enchaîne et/ou asservit.
En France, la sociologie définit le lien social comme étant l’ensemble des appartenances, des affiliations, des relations qui unissent les gens ou les groupes sociaux entre eux.
Pour les sociologues, il est indéniable que le fait de vivre en société place chaque individu que nous sommes, et ce, dès notre naissance, dans un lien d’interdépendance avec les autres, et que la solidarité constitue, à tous les stades de la socialisation, un socle fondamental. Ce qui fait de nous un humain lié aux autres et à la société pour non seulement assurer sa protection, mais aussi pour satisfaire son besoin vital de reconnaissance, source de son identité et de son existence en sa qualité d’humain, d’Homme.
La notion de lien social vient se confronter de nos jours à celle d’individualisme dont la progression, de nos jours, est inéluctable.
Les premiers sociologues qui ont interrogé le concept de lien social ont montré qu’alors, il était inséparable d’une vision historique à la fois du rapport entre l’individu et ses groupes d’appartenance et des conditions du changement social de longue durée.
Dans les sociétés plus rurales, l’individu est lié au groupe de sa famille élargie, tant pour sa protection que pour sa reconnaissance. Il semble que dans les sociétés dites plus modernes, la reconnaissance se soit plus individualisée, se fondant plus sur des traits individuels que sur des traits collectifs.
Ce qui voudrait dire que ce serait moins le groupe en tant que tel qui fonde l’identité, mais la juxtaposition de groupes différents (les cercles sociaux), qui s’entrecroisent, de manière unique, pour chacun d’entre nous. Ce qui va nous obliger à entrer dans un processus d’autonomie apparente par rapport aux groupes auxquels nous sommes liés ; le corollaire est que cela va nous amener, d’une certaine manière, à nous définir nous-mêmes en fonction du regard que les autres portent sur nous.
Pour Émile Durkheim, grand sociologue français, né en 1858 à Épinal, c’est le travail
(la profession), la répartition du travail ainsi que les catégories socio-professionnelles qui vont présider essentiellement à définir l’identité sociale et les liens entre les individus.
Nous verrons plus loin ce que cela implique pour cette catégorie de personnes appelée « les séniors ».
J’ai parlé précédemment de la solidarité vue comme étant le socle fondamental de la socialisation. Qu’en est-il aujourd’hui en regard de la question de la cohésion sociale ?
Il est un courant de pensée qui a été initié par un député, Léon Bourgeois, né au 19ème siècle et il apparaît comme un des fondateurs du « solidarisme » qui peut être défini comme : la « responsabilité mutuelle qui s’établit entre deux ou plusieurs personnes » ou encore un « lien fraternel qui oblige tous les êtres humains les uns envers les autres, nous faisant un devoir d’assister ceux de nos semblables qui sont dans l’infortune ».
Ce mouvement va permettre en 1945, la création de la Sécurité Sociale. Dans son livre publié en 1896, Léon Bourgeois développe la notion de « dette sociale », avec l’idée que l’enfant contracte une dette envers la société, tant au niveau de la nourriture dont il a besoin, que de son langage, les livres et les outils que la société va lui fournir. Cette dette s’accroit tout au long de sa vie, puisqu’il profite à tous moments du travail des autres, des avancées scientifiques et intellectuelles acquises par le passé. Si notre dette envers les générations passées nous rend débiteur, notre contribution de par notre activité et notre personne même, participe de l’échange entre chacun d’entre nous et les autres. Pour Léon Bourgeois, cette solidarité est le fondement du lien social. Elle doit correspondre à une adhésion rationnelle émanant d’un contrat tacite qui lie l’individu à la société comme un tout. C’est comme un échange de services, un contrat social, une sorte de contrat d’association.
Si cette notion est parfois mise à mal actuellement par la montée de l’autonomie et de la différenciation des individus, nous pouvons regarder comment il affecte ou non, le lien social de nos jours.
La question est alors : « l’individualisme crée- t-il du lien » ? Nous devons à Georg Simmel (né en 1858) un travail sur la diversification des appartenances, avec l’idée suivante : « si l’individu se caractérise par une pluralité de liens sociaux, les groupes auxquels il appartient peuvent être ordonnés de façon concentrique ou, au contraire, être juxtaposés.
Dans le modèle concentrique, les cercles se rétrécissent progressivement de la nation au territoire singulier, en passant par le statut professionnel, la commune, le quartier. Diapo
Si ces cercles sont juxtaposés, donc indépendants, ils nous offrent plus d’indépendance, donc à chacun une liberté plus grande. Il fréquente des groupes non interdépendants qui n’ont de lien que par le fait de l’individu lui-même, puisqu’ils passent par lui. Il semblerait que nous ayons évolué vers cette juxtaposition de nos cercles d’appartenance. Ce qui a parfois pour conséquences que les différents types de liens qui s’entrecroisent ne sont pas toujours compatibles entre eux, et que cela exige une distance avec les anciens cercles alors que la participation aux nouveaux cercles ne garantit pas forcément la protection et la reconnaissance que procuraient les anciens cercles. Nous verrons ce que cela implique par rapport aux personnes qui prennent leur retraite, par exemple.
Même si la rupture d’un lien (le professionnel, notamment) ne doit pas toujours être considéré comme un mal en soi. Parfois, se détacher est nécessaire et permet d’évoluer. Par contre, rompre avec les anciens liens n’est pas toujours aisé et nous ne sommes pas tous égaux devant la capacité à recréer des liens nouveaux : cela peut avoir pour effet d’abandonner les individus les plus défavorisés, ceux justement qui étaient préservés par les avantages des groupes plus restreints.
Ce qui va régir les liens des différents groupes entre eux sera nommé les règles sociales. Ce terme de règles sociales, lorsqu’il est utilisé au pluriel, fait référence au lien social concret qui se tisse entre les individus.
Je m’appuie largement sur le travail du sociologue Serge Paugam (né en 1960) qui distingue le lien social selon quatre catégories.
Pour parvenir à ces 4 catégories, Paugam part de deux sources du lien social : la protection et la reconnaissance.
- Le lien de filiation
- Le lien de participation élective
- Le lien de participation organique
- Le lien de citoyenneté.
Le lien de filiation qui peut prendre deux formes : un enfant naît dans une famille et il rencontre son père et sa mère, ainsi que sa famille élargie : c’est alors une filiation « naturelle ». Il ne l’a pas choisie. Il existe aussi une filiation « adoptive ». Que ce soit l’une ou l’autre (biologique ou adoptive), elles sont le fondement absolu de l’appartenance sociale. Que ce soit la sociologie, la psychologie ou la psychanalyse, chaque discipline insiste sur la fonction socialisatrice de ce lien de filiation dans la mesure où il assure à la fois la protection, par les soins physiques et la reconnaissance par la sécurité affective.
Le lien de participation élective est en lien avec le processus de socialisation que l’individu va acquérir au fur et à mesure de son entrée en contact avec d’autres individus qu’il apprend à connaître dans le cadre de groupes divers et d’institutions. Ce qui est intéressant ici, c’est le fait que l’individu doit apprendre à s’intégrer, mais en même il peut construire lui-même son propre réseau d’appartenances et construire ainsi sa propre personnalité sous le regard des autres. Il s’agit ici de groupes tels que le voisinage, les bandes, les groupes d’amis, les communautés locales, les institutions religieuses, sportives, culturelles, etc. Et il est important d’insister sur le caractère électif de ces appartenances puisqu’il permet réellement à l’individu d’avoir la liberté d’établir des relations interpersonnelles selon ses désirs, ses aspirations et ses valences émotionnelles. C’est un lien qui recouvre plusieurs formes d’attachement non contraint. Il est possible de classer la formation du couple dans ce type de lien : un individu s’intègre à un autre réseau familial que le sien initial. Ce qui distingue donc le lien électif du lien de filiation : l’individu a le choix dans le premier, il n’en a pas dans le second.
Avec la formation du couple, nous retrouvons nos deux principes de base, dans la mesure où chaque membre du couple assure, en principe, protection et reconnaissance.
Il est à noter que la notion d’amitié est peu institutionnalisée. Lorsqu’elle est mise en lien avec la fraternité, elle sera grandement encouragée, socialement reconnue et valorisée. Si elle correspond très bien à la définition du lien de participation électif, elle est perçue comme détachée des contingences sociales qui caractérisent les autres formes de sociabilité.
Le lien de participation organique se distingue du précédent en ce qu’il se caractérise par l’apprentissage et l’exercice d’une fonction déterminée dans l’organisation du travail. Il prend sa source à l’école et se perpétue dans le monde du travail. Il est possible de définir le type idéal de l’intégration professionnelle comme la double assurance de la reconnaissance matérielle et de la protection sociale qui découle de l’emploi.
Le lien de citoyenneté est ce lien qui repose sur le principe de l’appartenance à une nation. Ceci implique que la nation reconnaisse à ses membres des droits et des devoirs. Dans une société démocratique, si cela ne fait pas disparaître les inégalités économiques et sociales, mais exige que des efforts soient accomplis pour que tous les citoyens soient traités de façon équivalente et forment ensemble un corps ayant une identité et des valeurs communes. Le lien de citoyenneté est fondé sur la reconnaissance de la souveraineté du citoyen ainsi que nous le rappelle l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme qui précise « la loi est l’expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont droit de concourir personnellement ou par leurs représentants, à sa formation ».
Et nous retrouvons la notion de protection de ce lien dans le fait qu’il donne droit à une égalité démocratique. Ce lien repose aussi sur une conception exigeante des droits et des devoirs de l’individu.
Nous voyons que ces quatre types de lien sont complémentaires et entrecroisés, puisqu’ils constituent le tissu social qui enveloppe l’individu. Dans toute société, ces quatre types de lien constituent la trame sociale qui préexiste aux individus et à partir de laquelle ils sont appelés à tisser leurs appartenances au corps social par le processus de socialisation. Le rôle que jouent par exemple, les solidarités familiales et les attentes collectives qui en découlent est variable d’une société à l’autre. De même que le lien de citoyenneté et l’importance qui lui est accordée comme fondement de la protection et de la reconnaissance n’est pas la même dans tous les pays.
Ce que nous traversons en ce moment, depuis quelques années, accentué ou mis en lumière par la crise sanitaire qui nous secoue, fragilise t’il le lien social, voire la cohésion sociale ?
Nous avons vu que la base du lien social repose sur les deux notions de protection et de reconnaissance.
Que se passe t’il s’il y a précarité des liens sociaux. Comment la protection et la reconnaissance sont-elles diminuées voire, absentes.
Pour chacun de ces liens, nous trouvons des illustrations. En ce qui concerne le lien de filiation, nous pensons à la déchéance parentale qui entraîne que les enfants soient séparés de leurs parents. Pour ce qui est du lien de participation élective, cela peut s’illustrer par le divorce ou la séparation, mais aussi le rejet par un groupe, la rupture d’un lien d’amitié. Dans le lien de participation organique, c’est évidemment le chômage qui l’illustre le mieux. Quant au lien de citoyenneté, ce seront l’exil, la perte des droits de citoyenneté qui en seront les pointes marquantes. Ceci en ce qui concerne la protection.
Pour ce qui est de la reconnaissance, qui découlait de l’attachement stable à des groupes restreints et de l’entrecroisement efficace des différents types de liens sociaux tout au long du processus de socialisation, elle passe aujourd’hui de plus en plus par une plus grande autonomie, voire émancipation de l’individu par rapport à ses attaches traditionnelles, mais aussi par une disjonction des différentes sphères d’intégration par lesquelles se construisaient jusque-là les identités et les statuts sociaux.
La rupture du lien social et le concept de disqualification sociale.
Le processus de disqualification sociale comporte plusieurs phases : la fragilité, la dépendance et la rupture des liens sociaux. Serge Paugam distingue notamment une plus grande fragilité de la sociabilité familiale et des réseaux d’aide privé. Ce concept de disqualification sociale renvoie en quelque sorte au processus d’affaiblissement ou de rupture des liens de l’individu à la société au sens de la double perte de la protection et de la reconnaissance sociale. L’Homme socialement disqualifié est à la fois vulnérable face à l’avenir et accablé par le poids du regard négatif qu’autrui pose sur lui.
De l’entrecroisement des liens sociaux
Si chaque type de lien existe partout dans le monde, nous pouvons voir qu’il peut y avoir prééminence de l’un par rapport aux autres selon le pays ou la société qui le compose, mais encore selon le moment.
Le lien de participation organique qui joue un rôle fondamental dans toutes les sociétés, s’articule avec les trois autres selon l’importance qu’elles accordent à chacun d’entre eux. La question de la prise en charge des jeunes devant le chômage, l’égalité entre les sexes, la prise en charge des personnes dépendantes, en sont des illustrations.
Les réponses apportées dans chaque pays sont si différentes que ce qui semble aller de soi dans tel pays peut paraître surprenant dans un autre. Selon l’analyse que fait S. Paugam, les pays d’Europe continentale applique plutôt un régime « organique-multi-solidaire » alors que les pays nordiques auront un régime « organique-public » où le principe de l’égalité citoyenne, notamment dans les droits sociaux est appliqué de façon rigoureuse.
Y a-t-il aujourd’hui un nouvel esprit de solidarité ?
C’est dans le livre de Roger Sue « Renouer le lien social. Liberté, égalité, association » que j’ai trouvé quelques éléments de réponse.
Son préambule est le suivant, je le cite :
« Personne ne conteste aujourd’hui l’idée d’une profonde mutation des sociétés modernes. Depuis le temps qu’elle est à l’ordre du jour, nous disposons du recul qui permet d’en resituer les grandes lignes de fracture. Dès le début des années 1960, l’emprise de la « société de consommation » alors scrutée à la loupe, transforme les relations entre les individus et la nature du lien social. Montée de l’individualisme, fossé entre les générations, marchandisation de la société et des rapports sociaux témoignent déjà d’un mal-être et de la difficulté de vivre ensemble. À la fin de la décennie, et tout particulièrement lors de l’explosion de 1968, se pose entre autres la question du sens et de la construction d’un avenir qui ne se réduisent pas aux seuls intérêts des marchés, c’est-à-dire la question politique par excellence.
Nous assistons donc en cette fin de millénaire à une décomposition du lien social en trois temps. Tour à tour le lien social de base (dans la famille, par exemple), le lien symbolique du politique puis le lien civil de l’économie.
La famille d’aujourd’hui illustre assez bien cette évolution. Elle repose certes toujours sur une communauté de vie, mais elle n’est plus enfermée dans des normes communautaires et dans le devoir de conformité. Les relations se construisent et se « négocient » quotidiennement, chacun entend conserver son identité personnelle (y compris les enfants) et sa liberté. La communauté familiale tend ainsi vers la libre association, vers la « famille association ». Cette association peut ou non se conclure par un contrat, le contrat de mariage en l’occurrence, mais il intervient a posteriori et n’est plus le constituant du fait familial.
La crise économique est bien responsable, au moins en contrepartie, de la fracture sociale et donc de la dilution du lien social. On n’a cessé de le répéter, c’était presque rassurant de le croire, car on finit bien un jour par sortir d’une crise économique. Pourtant les arguments se renversent facilement en leur contraire et deviennent tout aussi vrais. N’est-ce pas plutôt en raison du relâchement du lien social, de la fragilité du tissu social et du manque de solidarité dans une société toujours plus individualiste que l’on a pu tolérer autant d’exclusion, de chômage, de pauvreté ou de travaux humains ? C’est beaucoup plus la dilution du lien social qui fait la crise que l’inverse. »
En réalité, les sociologues français ne croient au lien social contractuel, que s’il est inséré dans un tissu communautaire qui reconstruit du lien collectif et de l’identité sociale.
Il n’est donc pas facile d’expliquer par telle ou telle grande cause cette dangereuse tendance à la déliaison sociale. Et si chaque argument possède sa part de vérité aucun n’emporte la conviction. Il faut inverser la perspective et l’analyse et cesser de prendre les effets pour la cause. C’est en réalité l’évolution du lien social lui-même qui est à l’origine de la plupart des manifestations de pathologie sociale : exclusion, violence, individualisme, mal de vivre, recrudescence des suicides etc. C’est dans la nature du lien social qu’il faut chercher l’origine de la déliaison sociale et de ses diverses manifestations. Les sociétés sont en grande partie le reflet d’un certain type de lien social dont la famille, les amis, mais aussi le lien économique du travail ou le lien politique et la citoyenneté dont ils sont des modalités particulières. Le cumul de leur déficit met en cause le lien social lui-même.
Cette évolution du lien social semble affecter en premier lieu les personnes que nous appelons les Séniors.
Si l’on regarde les chiffres donnés par diverses associations, elles donnent sensiblement le même nombre : 300000 personnes âgées de plus de 60 ans souffrent de solitude extrême (étude faite en 2018 par les Petits frères des Pauvres).
En regard avec les sources du lien social, nous pouvons regarder les sources de ce lien et comment il vient à nous parler de solitude.
Nous avons vu qu’il s’agit du sentiment de protection et de celui de reconnaissance. L’un et l’autre étant présents dans les différents types de lien social.
Si l’on considère le lien de filiation, l’évolution de la société qui pousse les enfants à partir loin pour travailler, à être accaparés par leur travail et ou leur famille, à vivre de manière autonome et individuelle, débouche sur le fait de l’isolement du parent. Phénomène accentué encore en ville.
Souvent pour ces personnes qui vivent seules ou encore en couple, il est difficile de maintenir le contact avec leurs enfants, pour diverses raisons. Il en est de même avec la famille élargie.
Nous retrouvons souvent la même difficulté dans le lien électif : soit les amis ont disparu, soit ils sont partis ; quoi qu’il en soit, rester en lien dans le cadre du lien électif semble plus difficile à ce moment-là de la vie. Est-ce parce que les connaissances faisaient surtout partie du lien organique, étaient donc des collègues de travail ? L’arrivée à la retraite peut amener cette perte du lien du fait que la personne ne travaille plus, justement. Et que les relations peinent alors à perdurer.
Cette enquête citée plus haut fait ressortir également la difficulté des plus de 75 ans à participer à des activités en club ou autres associations : manque de motivation, peur du contact avec les autres, fatigue, dépendance, comment le frein à être en relation se met-il en place?
78% des personnes interrogées disent que la perte du conjoint entraîne souvent cette entrée dans la solitude.
Les corolaires de la solitude sont l’isolement et le repli sur soi. Car souvent, ces personnes ont peur de déranger leurs proches. Mais aussi l’éloignement géographique des enfants et petits-enfants, la difficulté de comprendre le mode de vie des jeunes générations, viennent contribuer.
Qui dit âge de la retraite dit parfois aussi précarité. Ce sont souvent les femmes qui connaissent cette précarité : la moyenne de différence entre la retraite masculine et féminine avoisine les 30% ! Les aides sociales ne sont souvent pas demandées car méconnues ou bien trop difficiles d’accès devant la numérisation des informations et du suivi des demandes. Nous reviendrons sur cette question de l’accès à Internet qui est également un grand frein au lien social….
D’une manière générale, les causes de cet isolement sont :
- Le départ à la retraite
- L’éclatement familial
- La perte du conjoint
- Les décalages entre les générations
- La précarité
- L’exclusion numérique